dimanche 1 février 2009

PRINCESSE DE CLEVES & MICHEL DE MONTAIGNE = MÊME COMBAT


Enfin, les "Enseignants-Chercheurs" se bougent unanimement, ceux de la vieille droite réac et rassie main dans la main avec las gauchos de tout poil : on risque de toucher à leur sacro saint statut ! le gouvernement envisage de mettre en place une modalité d'adaptation de leur service à leur très modulable prurit de recherche.
Si l'on en profitait pour tenter de faire prendre en compte la seule véritable menace qui pèse sur les chercheurs en sciences humaines : le mépris affiché proclamé brandi ou plutôt distillé comme une insidieuse arme de destruction des "humanités" qui ressort des déclarations du Président de la république ; qu'il ait beaucoup souffert "sur la princesse de Clèves" justifie-t-il que les épreuves de culture générale soient bannies des concours administratifs ? qu'il n'envisage pas de financer en langues anciennes justifie-t-il que la lecture de Cicéron ou de Platon tombe dans l'escarcelle du bénévolat culturel ? L'effet conjoint de l'abrutissement médiatique et de l'arrogance, de l'isolement social et de l'esprit de chapelle des chercheurs en science humaines a déjà fait les trois quart, voire les neuf dixième du chemin. Qui se soucie des "humanités" dans notre société, hors des cercles restreints de quelques académiciens, sociétaires de vénérables institutions moribondes, militants épuisés d'associations sous perfusion ? Que restera-t-il du vieux fond culturel humaniste qui nourrit encore, ou du moins qui constitue la ration de survie de notre société, à la fin du quinquennat ? Que restera-t-il des "facultés de lettres" quand elles seront tenues de négocier leur survie auprès des écoles professionnelles de médecine, de droit, de physique, de chimie que seront devenues les anciennes facultés de médecine ou de sciences dont ne subsisteront plus que les filières professionnalisantes ? Les humanités ont plus que jamais besoin de l'Etat car elles sont paradoxalement l'objet au mieux de l'indifférence, au pire de l'hostilité d'une large majorité de la population en même temps que le seul rempart contre le totalitarisme de la pensée unique.

Ne laissons pas La Princesse de Clèves, Michel de Montaigne, Cicéron, Martial, Platon, aux mains des bénévoles ! soutenons le mouvement de protestation contre la dérive libérale du système éducatif ! essayons d'obtenir la mise en place d'un vrai débat sur la place des humanités dans notre société !

Sarko et la Princesse :

http://www.rue89.com/mon-oeil/2008/07/25/nicolas-sarkozy-kaercherise-encore-la-princesse-de-cleves

UNIVERSITE HORS LES MURS :

Les cours « hors les murs » organisés par les universités participent des actions mises en œuvre pour dénoncer le démantèlement du système éducatif opéré par le gouvernement. Les mesures qui ont suscité cette levée de boucliers touchent depuis des mois tous les secteurs de l’enseignement.
Celles qui ont trait à la réforme des procédures de recrutement des enseignants du primaire et du secondaire et celles qui bouleversent le statut des enseignants chercheurs ont conduit les universitaires à sortir de leur réserve. Cette mobilisation sans précédent a conduit les enseignants chercheurs, quelle que soit leur couleur politique, à manifester leur mécontentement en défilant dans les rues et en se déclarant grévistes.La grève n’est cependant pas une arme de choc pour eux, d’une part parce qu’elle ne perturbe guère les transports ou l’organisation de la vie quotidienne, d’autre part parce qu’elle ne peut être que partielle : quand l’essentiel du travail consiste à produire de la pensée, il est difficile de mettre ses neurones en grève.
Pour cette raison, il a été décidé de ne pas suspendre les enseignements mais de tenir un certain nombre de cours « hors les murs » de manière à faire connaître la teneur de nos enseignements et à attirer l’attention des bordelais sur nos inquiétudes.
Au-delà de celles qui ont trait à la qualité de la formation donnée aux futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées, au-delà de celles que suscite la volonté de placer la carrière des universitaires dans les mains de présidents d’universités réduites à mendier leurs subsides auprès de très éventuels mécènes, les inquiétudes les plus sérieuses aux yeux de certains professeurs et étudiants des anciennes « facultés de lettres et sciences humaines » sont celles qui ont trait aux mesures qui conduisent à terme à une condamnation sans appel des « humanités »
Les déclarations réitérées de la part du Président de la République sur l’inutilité de ces disciplines (dérision au sujet des questions de culture générale : « La Princesse de Clèves », dénonciation comme gaspillage de deniers publics du financement des études en « littérature ancienne ») nous paraissent particulièrement inquiétantes, non seulement parce qu’elles sont le fait du premier personnage de l’Etat, mais parce qu’elles sont une manifestation évidente de populisme. Par ces propos choquants à nos yeux le Président se pose en champion des « beaufs ». Quel que soit le pourcentage des citoyens qui portent sur les « humanités » le même regard dépréciatif que le Président de la République, il n’est pas antidémocratique de combattre leurs positions par des discours argumentés et par la mise en évidence de l’intérêt des « lettres et sciences humaines ».
La crise suscitée par la politique gouvernementale et les propos inutilement provocateurs du Président Sarkozy sont aussi pour nous l’occasion d’une remise en question à laquelle nous ne nous déroberons pas. Notre conception de la culture est-elle vraiment ringarde et les humanités ne sont-elles qu’un objet de délectation morbide pour les privilégiés que nous avons conscience d’être ? les disciplines que nous enseignons sont-elles si peu utiles qu’elles doivent ne relever que du bénévolat culturel ; à priori, nous ne le croyons pas mais en « humanistes » nous pensons que seule la réflexion et la confrontation des opinions pourront nous aider à mieux apprécier notre place dans l’ «humanité » du XXIème siècle.

pour nous aider dans cette démarche faites nous part de vos commentaires sur

http://benevolatculturel.blogspot.com/

ANNONCE DE COURS UNIVERSITE HORS LES MURS

Le président du collectif
Princesse de Clèves

Vous informe que le jeudi 12 février 2009
Sur la bien nommée
Place des Martyrs de la RESISTANCE
Devant le porche sud de l’église Saint Seurin de 13h30 à 16h
Le Professeur Philippe Araguas donnera, dans le cadre de son cours sur
« L’archéologie de l’Espagne wisigothique »
Une leçon intitulée
Sous l’œil des barbares :
Hommage à Sidoine Apollinaire
Au cours de laquelle sera présentée
l’église Saint-Seurin
à la lumière de l’archéologie de l’Espagne wisigothique

AUTRES COURS :
Jeudi 12 février
- 09h15, Cinéma Utopia, projection-débat autour du film Che, 1ère partie de Steven Soderbergh (3 euros).- 10h30, Grand-Théâtre : lecture marathon - 10h 45 Place de la Victoire (sous l'arche), C. Crenn, séminaire « Ethnie, ethnicité, race : quels usages dans les sciences sociales ?» avec les interventions de C. Chivallon, « Des catégories d'analyse socialement (racialement) informées : diaspora et mémoire » et N. Bancel, « De l'histoire coloniale à l'histoire postcoloniale ? Perspectives et blocages de la discipline historique dans le traitement des articulations entre périodes coloniale et postcoloniale. Le cas de l'immigration postcoloniale et de la question "ethnique" »- 10h30-12h30, Place Pey Berland, C. Panzera et D. Fratani, cours de littérature italienne : présentation de Dante lecture-traduction de passages du Chant I de L’Enfer. - 13h30-16h30, Grand-Théâtre, J. Terrel, « La citoyenneté selon Aristote »- 13h30, porche sud de l’église Saint Seurin, P. Araguas (L3 Archéo), « L’archéologie de l’Espagne wisigothique »- 13 h. 30, Amphi Salomon, N. Soubiale (L2, psychologie), « Comparaison sociale et violence » - 14h15, Amphi 2, projection-débat autour du documentaire Il y aura tout le monde de María Isabel Ospina de los Ríos (sujet : conséquences de la crise financière et économique à Cali, Colombie), en présence de la réalisatrice- 16h00, Bordeaux 3, Maison des Etudiants, projection-débat du film « Universités II, le grand soir » de Thomas Lacoste, en sa présence- Soir, C. Croce, cours déambulatoire de l’IUT Renaudel à la Librairie « La Mauvaise Réputation » sur la question de genre et de transgenre dans l’art actuel (2e volet)
Lundi 16 février- 14h00, Place Pey Berland, M. Versel (Master 1, Communication des organisations), « Analyse du discours politique : discours de N. Sarkozy / V. Pécresse sur l'université »Jeudi 19 février- 10h30 ou 11h30, Pessac ou Grand-Théâtre, B. Bloch, Explication de texte du poème « Après la déluge » (Rimbaud, Les Illuminations).

2 commentaires:

Chri a dit…

Pour alimenter un peu le débat...
http://www.siefar.org/ActuSIEFAR-Lafayette.html
(c'est dingue qu'il existe une "association internationale pour l'étude des femmes de l'ancien régime"... non?)
La mobilisation est telle que nous finirons par sauver la Princesse de Clèves (et qui sait, peut-être Michel de Montaigne avec!)

Philippe Araguas a dit…

je connais cette association et je sais depuis la lecture des dernières pages de "Fondation et Empire" d'Azimov, que le Nouveau Régime sera celui des femmes